The 17 Sons of Abraxas.

Voici à mon sens l'un des projets les plus mystérieux et fascinant que j'ai pu rencontré depuis que j'écoute de l' ambient / drone. Pas tant par la musique en elle même mais l'aspect bien particulier que tout ce projet dégage. Je vous propose là une petite investigation très personnelle et outre passant - ou presque - tout ce qu'il puisse être dit sur 17 Sons Records ; le netlabe où fleurit ce projet. Une article / essai hors jeu.

De facto, The 17 Sons Of Abraxas est un projet anonyme et très peu connu qui existe depuis 1999 et qui sévit aux cotés d'autres projets noisy depuis 2004 sur 17 Sons Records. La seule description qu'on trouvera à son sujet sera : "no rhythm/sounds manipulations/synthetic sounds/electoacoustic sounds". Description plus que sommaire et pas très entrainante au premier abord. Il faut avouer que dans la scène actuelle la grande majorité des projets de ce genre possèdent une imagerie, un artwork, quelque chose qui puisse ne serait-ce nous donner quelques indications quant à l'état d'esprit du compositeur. Et c'est bien ça qui jette une totale confusion lorsqu'on découvre T17SoA : il n'y a rien. Pas d' artwork. Pas de promotion. Pas de CD. Pas de Myspace. Rien. Strictement rien. Juste des intitulés souvent évocateurs et d'autres beaucoup moins. Et aussi une présence discrète sur Jamendo dans le but unique d'héberger les "albums". Alors vous allez me dire... si tel est le cas, c'est que ça n'en vaut vraiment pas le coup d'œil. Et pourtant... ça le vaut.

Alors qu'est ce que renferme The 17 Sons Of Abraxas ?
Concrètement le projet se compose de longues pistes d'ambient / atmospheric / un-peu-noise / dronifiques le tout toujours dans une ambiance inquiétante et relativement sombre. Des atmosphères aussi souterraines que spatiales. Des manipulations sonores qui s'écoutent très bien lorsqu'on est amateur du genre. Une technique irréprochable. Dans chacun des 8 albums nous retrouvons des pièces toutes aussi troublantes les unes que les autres. Des titres à rallonge où la manipulation et rarement étirée en dessous de 10 minutes. Des morceaux très denses. Rares sont ceux qui possèdent une once de mélodie. Mais parfois il y en a. Comme le morceau Sea sur l' album Seagulls Circle Endlessly. Mais je n'ai pas envie de m'attarder sur l'aspect terminologique et technique de cette ce projet. Ce n'est pas ça l'important. L'essentiel est dit.

Abraxas, qui, quand, quoi ?
Historiquement Abraxas est l'autre nom du démon Abrasax. Dieu suprême qui apparaitrait sous une forme chimérique. Tête de coq, pied de dragon et un fouet à la main. Démon qui serait au delà de toute autre croyance. Alors vous imaginez, les 17 fils, 17 albums. Ou juste un bête clin d'œil au label. Bon. C'est bien une parenthèse que je propose et non un élément fondamental de l'affaire. Bien que. Mes billets resteront à jamais totalement intransigeant avec les croyances. Évidemment.

Revenons à nos moutons. Selon moi depuis 10 ans le géniteur du projet dans sa "complexitude" et sa recherche de compositions toujours plus différentes et élaborées était à la limite de la possession lorsqu'il composa ces différentes pièces. Et c'est cet aspect quasi prophétique que je retiens. Que je me suis faite. Et qui pourrait être en partie alléchante de croire vu la déficience en imagerie et la régularité annuelle des publications. Il a su générer des morceaux aussi perturbants les uns que les autres. Ces morceaux sont tels des formules sacrées qui ont terminé leur course au milieu de nul pars dans l'indifférence presque totale. Et c'est pas étonnant car il n'y a visiblement aucun désir quant à la propagation de ce projet que je qualifierai (et j'ose) : d' incontournable.

Alors à la fin, pourquoi éprouver tant d'intérêt ?
Je vais abréger. Si je me permets de faire ce petit billet sur T17SoA c'est juste qu'à mon idée c'est un projet qui dans son aspect général ( et c'est certainement voulu, ou pas ) est un véritable coup de génie. De nombreuses critiques sur Jamendo du genre " Oui c'est plat, moi j'en écoute du comme ça, et ça c'est plat, aucun effort visuel, borring, etc. " Mais justement, tout l'intérêt est là, le stade de travail très performant qu'a atteint le compositeur de T17SoA est tel que ça ne nécessite pas le moindre du monde quelconque visuel. Car tout est déjà dit et le sort de cette musique ne ce scelle pas lors de l'enregistrement. Il ne se scelle pas non plus une fois enregistré. Non, il se scelle une fois dans notre tête. C'est un joyaux à l'état brut. C'est brut de décoffrage. Moi qui ai pu passer de longues heures à écouter, méfier vous de l'aspect visuellement épuré de l'ensemble. C'est comme lorsqu'on visite un appartement. On arrive sur la page de cet artiste. Ou ne sait pas quoi prendre. Aucun visuel. Notre désir de continuer se fonde d'avance dans 70 % des cas. Comme lors de cette visite. On on décide dans les deux premiers minutes si on le prendra ou pas. Mais non, derrière cette neutralité il y a un projet fabuleux qui touche au cas par cas. Qui touchera chacun de nous comme il le faut - et non comme l'artiste le veut. Ce sont de véritables prophéties musicales. Des états de conscience adaptables. Des réponses aux questions. Des gaz révélateurs. En 1999 de nombreux projets phares n'existaient pas encore. Et ceux qui existaient déjà ont choisi une voie bien différente. Une voie qui deviendra la voie ordinaire de tout projet. La tentative de se faire connaître par les moyens qu'on connaît actuellement. Le cheminement traditionnel. Normal. Mais The 17 Sons Of Abraxas lui, a pris une direction toute différente. Le choix délibéré de rester à l'écart. Dans sas propre expérimentation. La voie de la neutralité. De la discrétion. De la théorie. Et surtout d'un libre arbitre tellement important que le prophète géniteur mérite tous les honneurs d'avoir pris une voie tout aussi différente et remarquable que l'autre. Nous avons là une sorte de Pierre de Rosette musicale qui unanimement dans sa démarche mérite le plus grand respect.


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